Dysmorphie et TCA

Dysmorphie = préoccupation excessive et récurrente concernant un défaut imaginaire ou minime de son apparence physique. Il ne s’agit pas d’une peur irrationnelle mais de la conviction d’avoir un défaut. Entraine une plainte disproportionnée et des comportements inadaptés. Il y a un décalage entre la perception de son corps et la réalité. C’est une perturbation de l’image corporelle qui crée systématiquement une grande insatisfaction et anxiété par rapport à son corps.

Dans les TCA, la dysmorphie est particulièrement centrée sur le poids ou sur certaines parties du corps considérées comme trop grosses ou n'ayant pas la bonne forme. Les personnes souffrant de ce trouble se voient généralement plus grosses qu'elles ne le sont en réalité. C'est ce qui les pousse à vouloir d'avantage perdre du poids et mettre en place des comportements inadaptés pour le faire (contrôle du poids/corps, restrictions, hyperactivité physique, ...). L'insatisfaction que cela entraine pousse également ces personnes à, soit développer des comportements obsessionnels de vérifications de leur corps devant le miroir, soit, à l'inverse, éviter totalement leur reflet dans le miroir. Dans les deux cas, ces comportements renforcent la dysmorphie à travers le temps. Certaines personnes ne s'autorisent même plus à faire certaines activités plaisantes et indispensables au bien-être (évite certaines situations sociales, évite de porter certains vêtements, de faire du shopping, d'aller à la piscine...) par peur de montrer leur corps, ce qui induit énormement de souffrance.

Détester son corps veut aussi dire le rejeter, ne pas en prendre soin, se déconnecter de lui mais aussi de tout ce qu'il peut nous apporter comme repère/message. On s'écarte de ses émotions, ses sensations, etc. Tout ceci ne fait que renforcer le TCA.

Les personnes boulimiques surestiment leurs dimensions corporelles et sont négatives par rapport à leur corps. Plus l’expérience corporelle est perturbée (surestimations des dimensions du corps => insatisfaction corporelle) plus les comportements alimentaires sont déviants. L’insatisfaction corporelle est fortement associée à la survenue ainsi qu’à la sévérité des TCA. Peut prédire le début du TCA chez les adolescents.

Chez les personnes hyperphages, la dysmorphie et l’insatisfaction corporelles est plus élevé que chez les obèses ne souffrant pas de TCA. Cela signifie que c’est la perte de contrôle alimentaire qui explique l’insatisfaction corporelle et non le poids en tant que tel.

Le poids n'est pas le problème d'origine de l'insatifaction corporelle mais bien le trouble de l'image corporelle ou dysmorphie ainsi que la faible estime de soi. Les personnes souffrant de TCA ne sont généralement pas plus satisfaites quand elles perdent du poids car le problème reste le même. C'est comment elles se voient qui pose problème et induit de la souffrance et cela quelque soit le poids.

Dans l'anorexie, plus le cerveau est dénutri plus la dysmorphie augmente et se rigidifie. C'est ce qui fait que les personnes souffrant d'anorexie continuent même maigres à vouloir perdre du poids. Elles ne se voient pas telles qu'elles sont en réalité. Leur perception est biaisée tout comme leurs ressentis ("je suis grosse", "je me sens obèse", "je me dégoute").

 

En thérapie cognitive et comportementale, nous allons apprendre à déconstruire toutes ces pensées négatives que l'on a par rapport à son corps et apprendre progressivement à l'écouter et l'accepter tel qu'il est. Cela ne veut pas dire que le patient ne pourra pas tenter de perdre du poids dès lors que sa charge pondérale est trop importante pour être en bonne santé. Mais l'idée est de la faire de la manière la plus saine pour son corps en apprenant à le respecter. Par exemple, grâce à l'alimentation intuitive.

 

Exemple de l'impact de la dysmorphie dans la boulimie par un schéma :